La 10e biennale de Québec a débuté le 19 février dernier et se terminera le 24 avril prochain. Cette édition de célébrations offre une belle occasion de démystifier ce qui caractérise cet événement d’envergure internationale faisant vibrer la scène locale des arts visuels.
L’utilisation du terme « biennale » remonte au 16 e siècle; il désigne alors un phénomène récurrent, humain ou naturel, se déroulant à un intervalle de deux années. C’est dans la foulée de la création des expositions universelles, dans l’Europe du 19 e siècle, que le terme s’associe au domaine de l’événementiel. Il qualifie à cette époque des expositions à grand déploiement mettant en valeur des projets actuels d’art visuel. La première biennale artistique s’organise en 1895 à Venise. L’héritage vit toujours dans la vénérable cité italienne puisque s’y tiendra l’édition 2022 de cette biennale historique qui offre un arrêt artistique pour éviter les bouchons de gondoles débordantes de touristes.
En 1936, le terme « biennale », si l’on se fie au Petit Robert, acquiert une signification plus précise : il ne peut désormais décrire que des festivals d’art contemporain, d’architecture ou de design. Autre changement, la fréquence requise pour une biennale devient flexible. Par exemple, la documenta se produit tous les cinq ans à Cassel, en Allemagne. Les deux biennales européennes nommées sont probablement les plus reconnues, mais vous pouvez réaliser une tournée internationale des biennales si vous le désirez! En effet, selon l’organisme Biennale Foundation, il existe 300 biennales dispersées sur les six continents (oui, oui, jusqu’en Antarctique).
La Manifestation internationale d’art de Québec, ou Manif d’Art pour faire plus court (ou même Manif pour les intimes), est la seule biennale hivernale en Amérique du Nord. Depuis 2002, l’événement accueille des artistes du pays et de l’international, choisi.e.s par un.e commissaire, que l’équipe de Manif d’Art appuie dans ses décisions. On peut comparer le rôle du.de la commissaire d’une biennale à celui d’un.e réalisateur.rice ayant rédigé un scénario incomplet. Dans cette comparaison, la thématique globale de la biennale joue le rôle du scénario partiel que les œuvres proposées par les artistes complètent. Entre l’idéation du.de la commissaire et les propositions des artistes, l’identité particulière de l’édition de la biennale se matérialise. Les thématiques peuvent concerner une panoplie de sujets; par exemple, Manif d’Art de 2012 s’intitulait Machines – les formes du mouvement alors que celle de 2005 s’intéressait aux multiples formes du désabusement avec Cynisme ?. Ce processus de création de la programmation avec des artistes réagissant à une thématique proposée par un.e commissaire se retrouve dans la plupart des biennales.
Pour cette 10 e édition, le commissaire Steven Matijcio a voulu explorer les jeux de perceptions entre ce que nous désignons comme la réalité et les illusions qui s’y trouvent. Comme pour les autres commissaires avant lui, Matijcio s’est fait aider de l’équipe de Manif d’Art et du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) afin que 50 % des artistes exposé.e.s aient la nationalité canadienne. Parmi ces artistes, 50 % proviennent de la province de Québec. De cette sélection provinciale, 50 % sont actifs à l’échelle locale de la Ville de Québec. Si certain.e.s artistes y voient une belle opportunité de montrer de leurs œuvres plus récentes, d’autres optent pour la présentation de créations passées dont la pertinence résonne avec la thématique. En fin de compte, les projets exposés sont approuvés à la fois par l’artiste et le commissaire. Lorsque vous verrez qu’une biennale se déroule dans une ville, vous pourrez avoir en tête le bouillonnement artistique qui s’active dans plusieurs lieux d’exposition locaux; des célébrations de la création actuelle en art visuel.